Diane
au château de Chenonceau
Ce portrait est une œuvre que Le Primatice, peintre originaire de Bologne en Italie, invité par le roi François Ier puis devenu quasi ministre de la Culture de l'époque, a peint, en , au Château de Chenonceau.
En italien, la même personne est désignée par l'appellation Il Primaticcio.
L'image représente la favorite du roi Henri II, fils ayant succédé à François Ier, Diane de Poitiers.
Alors, à la cour du roi de France, elle est connue pour être d'une beauté exceptionnelle.
À l'époque, comme il y avait une mode pour le portrait paralèlle: ici, on ne représente pas directement la personne mais la déesse de la chasse connue pour avoir le même nom de Diane.
Le récit ci-dessous, qui fait apparaître Diane déesse de la Chasse dans sa rencontre avec le chasseur Actéon, a été écrit par un écrivain de l'époque impériale romaine, Ovide. Ce récit est extrait de ses œuvres: Les Métamorphoses.
Puisse ce récit des aventures de la déesse de la Chasse et d'Actéon vous plaire!
Diane selon le texte du livre III des Métamorphoses
- Ils étaient donc à Thèbes; ton exil pouvait donc, Cadmus
- Paraître heureux; Mars et Vénus étaient tes beaux-parents;
- De là une lignée issue d'une si noble épouse: tant de fils,
- Tant de filles et, gage de tendresse, tant de petits-enfants,
- Déjà adolescents du reste; mais, comme chacun sait, il faut
- Toujours attendre à son heure dernière et nul ne doit,
- Avant la mort et la mise au tombeau, se dire heureux.
- Au milieu de tout ce bonheur, Cadmus, l'un de tes descendants
- Provoqua ta première souffrance, et ces cornes étranges
- À son front, et vous aussi, les chiens repus du sang de votre maître.
- Mais si tu cherches bien, tu trouveras ici un coup du sort,
- Non un crime: y avait-il, en effet, du crime dans l'erreur?
- Il était une montagne pleine du sang des animaux tués;
- Le jour avait réduit l'ombre des choses de moitié,
- Le soleil était à mi-course lorsque, d'une voix douce,
- Le jeune Béotien appela ses compagnons
- De travail, en différents lieux dispersés:
-
«Mes amis, nos filets et nos armes ruissellent du sang des fauves
-
Et la journée a été fructueuse; lorsque l'Aurore
-
Portée par son char safrané, ramènera le jour,
-
Nous nous remettrons au travail: Phœbus, pour l'heure,
-
Est au zénith, et ses exhalaisons craquellent les champs.
-
Cessez votre travail, relevez les filets noueux.»
- Les hommes obéissent et suspendent leurs activités.
- Il y avait là une vallée, du nom de Gargaphié,
- Consacrée à Diane la court vêtue, où pins et cyprès poussaient drus;
- Tout au fond de cette retraite, une grotte sacrée
- Qu'aucune main d'artiste jamais n'avait touchée:
- C'est la nature ingénieuse qui avait imité l'art,
- Creusant à même la roche et le tuf lisse d'une voûte naturelle.
- À droite chante une fontaine d'eau claire et transparente,
- Et l'herbe borde son entrée évasée.
- C'est ici que la déesse des forêts, fatiguée de la chasse,
- Venait plonger son corp virginal dans l'eau pure.
- Après qu'elle fut entrée là, elle donna à sa nymphe écuyère
- Son javelot, son carquois et son arc débandé;
- Elle fit glisser sa tunique qu'une deuxième ramassa;
- Deux autres la déchaussèrent et la plus experte d'entre elles,
- Crocalé la Thébaine, noua en chignon ses cheveux épars
- Autour de son cou; les siens, en revanche, étaient tous dénoués.
- Néphélé, Hyalé, Rhanis, Psécas, Phialé allèrent
- Puiser de l'eau qu'elles versèrent dans leurs grands vases.
- Pendant que la Titanide se douchait là comme à l'accoutumée,
- Voilà que le petit-fils de Cadmus, qui s'offrait une pause
- Et avançait sans but précis à travers ce bois inconnu,
- Parvint au lieu sacré: le destin en avait ainsi décidé.
- À peine fut-il entré dans la grotte aux eaux ruisselantes
- Qu'à la vue de cet homme les nymphes, qui étaient nues,
- Se frappèrent la poitrine et emplirent le bois entier
- De hurlements soudains; en cercle autour de Diane,
- Elles la protégèrent de leurs corps. Or, la déesse,
- Plus grandes qu'elles toutes, les dépasse d'une bonne tête.
- Comme se colorent les nuages frappées de plein fouet
- Par le soleil, comme l'aurore vêtue de pourpre,
- Ainsi se colora le visage de Diane surprise sans vêtements.
- Bien que le groupe de ses suivantes se serrât autour d'elle,
- Elle se pencha de côté, détourna la tête et, n'ayant pas
- À portée de mains les flèches qu'elle eût voulu,
- Elle puisa de l'eau et la jeta au visage du jeune homme.
- Pendant qu'elle inondait ses cheveux de cette eau vengeresse,
- Elle ajouta ces mots, présage du malheur qui l'attendait:
-
«Va donc maintenant raconter que tu m'as vu sans voiles,
-
Si tu le peux.»
Et sans autre menace, elle pose - Sur la tête inondée les ramures d'un cerf fougueux,
- Allonge son cou et taille en pointe ses oreilles;
- Change ses mains en pieds, ses bras en longues pattes,
- Et couvre son corps d'une peau tachetée.
- Elle y ajoute la panique: le héros, fils d'Autonoé, prend la fuite,
- Et tout en courant s'étonne de sa célérité.
- Sitôt qu'il aperçoit ses cornes dans les eaux familières,
- Il va pour s'écrier:
«Pauvre de moi!»,
mais il reste sans voix. - Il gémit: voilà tout son langage, et ses larmes coulent
- Sur une face inconnue; de naguère, seule lui reste la pensée.
- Que faire? Rentrer chez soi, dans le palais royal,
- Où se cacher dans les forêts? De ceci il a peur, de cela il a honte?
- Pendant qu'il hésite, ses chiens l'ont aperçu, et d'abord Mélampus
- Et le sagace Ichnobatès l'ont signalé en aboyant
- (Ichnobatès de Gnosse, Mélampus d'origine spartiate).
- D'autres accourent plus vite qu'un vent impétueux:
- Pamphagus, Dorcéus, Oribasus, tous Arcadiens;
- Le robuste Nébrophonus, le farouche Théron avec Lælaps,
- Ptérélas utile pour sa rapidité, Agré pour son flair,
- Hylæus récemment blessé par un sanglier sauvage,
- Napé engendrée par un loup, Pœmenis gardienne des troupeaux,
- Harpyia accompagnée de ses deux petits,
- Ladon de Sicyone aux flancs étroits,
- Et Dromas, Canacé, Sticté, Tigris, Alcé,
- Leucon et Absolus, poil de neige et poil noir,
- Le redoutable Lacon, Aello champion à la course,
- Et Thoüs, et Lyciscé la véloce avec son frère de Chypre,
- Harpalos qui se distingue par du blanc au milieu de son front noir,
- Et Mélenéus, et Lachné au corps hirsute,
- Labros et Agriodus, dont le père était du Mont Dicté
- Et la mère de Laconie, et Hylactor à la voix perçante;
- Et d'autres qu'il serait trop long d'énumérer: la meute
- Que cette proie excite dévale à travers rochers, éboulis, rocailles
- Impraticcables, là où le chemin est difficile et où il n'y a plus de chemin.
- Lui, il fuit, sur les lieux mêmes où il avait été tant de fois
- Poursuivant; hélas,! Il fuit ses propres serviteurs, voulant crier:
-
«C'est moi, Actéon! Reconaissez votre maître!»
- Sa volonté n'a plus les mots; les aboiements résonnent dans l'air.
- Mélanchætès est la première à déchirer son dos,
- Suivie par Théridamas; Orésitrophos reste accroché
- À son épaule.
- Partis plus tard, ils ont pris un raccourci
- À travers les montagnes: tandis qu'ils retiennent leur maître,
- Toute la meute fait masse et leurs crocs se plantent dans son corps.
- Il n'y a déjà plus d'endroit où le mordre; il gémit, et le son
- Qu'il émet, s'il n'est pas humain, n'est pas non plus
- Celui d'un cerf. Il remplit ces hauteurs connues de cris funèbres
- Et, les genous fléchis, suppliant comme un homme prie,
- Il tourne en tous sens, de même que ses pattes, son visage muet.
- Or, ignorant tout, ses compagnon encouragent et excitent
- Comme d'habitude la troupe déchaînée; ils cherchent des yeux
- Actéon et appellent sans relâche le faux absent:
«Actéon!»
- (Celui-ci tourne la tête à son nom) et ils déplorent son absence
- Et sa paresse à venir voir le spectacle d'une proie capturée.
- Comme il voudrait être ailleurs! Mais il est là. Comme il voudrait
- Voir, plutôt qu'éprouver, la sauvagerie de ses chiens!
- Ils l'encerclent et, enfouissant leurs gueules dans son corps,
- Déchiquettent, sous l'apparence d'un cerf, leur propre maître.
- Ce fut seulement lorsque tant de blessures eurent mis
- Fin à sa vie que fut rassasiée, dit-on, la colère de Diane au carquois.