Saint Remi
selon La légende Dorée
saint Remi selon le texte du chapître 143 La légende Dorée
seconde interprétation de son nom
Le nom de Remi, Remigius, vient de “remige”, «le rameur», c'est-à-dire le pilote ou le chef de navire. Ou bien il vient de remis, «les rames», qui sont les instruments par lesquels on mène le navire, et de gyon, qui signifie «lutte».
Il pilota en effet l'Eglise en la gardant du naufrage, il la mena à la porte du paradis, et pour elle il lutta contre les pièges du diable.
Clotilde et ses enfants
On dit que Remi convertit à la foi le roi et le peuple des Francs.
Le roi avait en effet une épouse très chrétienne, nommée Clotilde, qui tentait vainement de convertir son époux à la foi.
Elle eut un fils, qu'elle voulut faire baptiser, mais le roi s'y opposa totalement. Cependant, comme elle ne pouvait pas trouver le repos, elle finit par obtenir le consentement du roi et elle fit baptiser l'enfant, qui mourut subitement après son baptême. Le roi lui dit:
«Il est clair à présent que le Christ est un dieu sans valeur, puisqu'il est incapable de conserver en vie quelqu'un qui aurait pu accroître la foi chrétienne.»
Clotilde répondit:
«Au contraire, Je vois un signe particulier de l'amour que mon Dieu me porte dans le fait qu'il ait reçu aupres de lui le premier fruit de mon ventre, et qu'il ait donné à mon fils un royaume infini, meilleur que le tien.»
Elle conçut une seconde fois, et mit au monde un autre fils, qu'elle s'empressa de faire baptiser comme le précédent. Or voici qu’il tombe soudain malade, au point qu'on désespère de sa vie.
Le roi dit à son épouse:
«Ton dieu est vraiment bien faible, s'il ne peut pas garder en vie un être baptisé en son nom.
En mettras-tu au monde un millier, les feras-tu baptiser tous, qu'ils mourront tous de la même façon!»
Mais pourtant l'enfant guérit et retrouva la santé, et il put ensuite succéder à son père.
Cette femme, qui croyait en Dieu, essaya d'amener son époux à croire lui aussi, mais il résistait de toutes les manières.
le meunier fâché
La façon dont il se convertit à la foi est racontée à l'occasion d'une autre fête, après l'Épiphanie. Devenu chrétien, le roi Clovis voulut doter l'Église de Reims, et il dit à saint Remi qu'il lui donnerait toutes les terres que l'évêque pourrait parcourir pendant que le roi ferait sa sieste.
Ce qui fut fait. Mais un homme avait son moulin sur le terrain délimité par saint Remi, et tandis que le saint faisait son parcours, le meunier : le chassa avec indignation. saint Remi lui dit:
«Mon ami, accepte que nous partagions ce moulin.»
Mais l'autre le repoussa, et la roue du moulin se mit à tourner à l'envers; le meunier rappela Remi en criant:
«Viens ici, serviteur de Dieu, et partageons le moulin !»
Mais Remi lui dit:
«Il ne sera ni à moi ni à toi»,
et aussitôt la terre s'ouvrit et engloutit tout le moulin.
Remi prédit une famine
Remi, prévoyant qu'il y aurait une famine, avait amassé des tas de blé dans un village, mais des paysans ivres, pour se moquer de la prévoyance du vieillard, y mirent le feu. Quand il l'apprit, il se rendit sur place, commença à se réchauffer du froid de l'âge et du soir qui tombait, et il dit tranquillement:
«Un feu est toujours bon; mais pour ceux qui ont fait cela, et pour leurs descendants, les hommes souffriront de hernies au scrotum et les femmes seront goltreuses.»
Il en fut ainsi dans ce village jusqu'à ce qu'ils soient dispersés par Charlemagne.
la translation de son corps
Il faut noter que la fête de saint Remi qui se célèbre au mois de janvier est celle de sa bienheureuse mort, tandis que celle-ci est celle de la translation de son corps sacré.
Après sa mort, on transporta son corps sur une civière dans l'église des saints Timothée et Apollinaire; mais quand on arriva à l'église Saint-Christophe, il se mit à peser si lourd que personne ne put le soulever. On en fut donc réduit à demander au Seigneur de daigner indiquer si par hasard il voulait qu'on l'enterre dans l'église Saint-Christophe, où reposaient mille reliques de saints.
Aussitôt, le corps se fit tout léger, et ils l'enterrèrent là avec honneur.
Comme dans l'église s'accomplissaient de nombreux miracles, on l'agrandit, et on fit faire une crypte derrière l'autel. Tandis qu'on voulait y transférer le corps, on ne réussit pas à le bouger. On passa alors la nuit à prier, et à minuit tout le monde s'endormit. Le lendemain, le jour des calendes d'octobre, on trouva dans la crypte le tombeau avec le corps de saint Remi, qui y avait été transporté par des anges.
Beaucoup plus tard, on le déposa dans une châsse d'argent, et on le transféra dans une plus belle crypte, le même jour.
Il vécut vers l'an du Seigneur .