La Châsse de Sainte Ursule
hopital Saint Jean Musée Memling de Bruges
La Châsse de sainte Ursule est une châsse destinée à conserver les reliques des Onze Mille Vierges et d'un certain nombre de saints, ainsi que quelques souvenirs rapportés de Terre Sainte, dont le peintre Hans Memling a décoré les quatre faces d'un ensemble de tableaux, et de six médaillons sur le toit.
Les peintures relatent l'histoire de sainte Ursule. Il s'agit d'une des grandes compositions du peintre « miniaturiste ». L'œuvre date de . La châsse a été conçu et a été conservé pour l'hopital Saint Jean Musée Memling, de Bruges.
Memling suit pas à pas le récit La Légende dorée de Jacques de Voragine dont une traduction est parue en .
Dans l'article qui suit, nous mettons directement en regard le texte de La Légende Dorée et représentations d'Hans Memling. Nous pensons qu'ainsi leur qualité ne s'en trouvera que plus éclatante.
Les Onze Milles Vierges
Voici le récit de la Passion des onze mille vierges tel qu'il a été transmis.
Il y avait en Bretagne un roi très chrétien qui s'appelait Notus ou Maur, qui engendra une fille qu'il appela Ursule. La dignité de ses mœurs était admirable, sa sagesse et sa beauté remarquables, si bien que sa renommée se répandait partout.
Or comme le roi d'Angleterre était très puissant et qu'il avait de nombreux peuples sous son pouvoir, ayant entendu parler de la réputation de cette jeune fille, il affirma qu'il serait parfaitement heureux de la voir épouser son fils unique.
Le jeune homme y aspirait lui aussi fortement.
Ils envoient donc une ambassade solennelle au père de la jeune fille, ajoutant aux grandes promesses et aux flatteries des menaces pour le cas où ils reviendraient bredouilles auprès de leur seigneur.
Le roi en tira, un grand sujet d'anxiété, d'une part parce qu'il considérait comme indigne de livrer une jeune fille que distinguait sa foi chrétienne à un adorateur des idoles : d'autre part parce qu’il savait qu'elle n'y consentirait à aucun : prix, enfin parce qu’il redoutait par-dessus tout la férocité du roi.
Mais elle, sous l'inspiration de Dieu, conseilla à son père d'accéder à la demande du roi, à cette condition toutefois : le roi et son père lui donneraient pour la consoler dix vierges très distinguées, on leur confierait mille vierges, à elle-même et à ses compagnes, et après avoir affrété onze trirèmes, on lui donnerait trois ans de délai pour faire le sacrifice de sa virginité; le jeune homme lui-même serait baptisé et instruit dans la foi pendant ces trois années.
Elle usait là d'une sage décision, qui soit détournerait l'esprit du jeune homme de ce projet par la difficulté de la condition posée, soit à cette occasion consacrerait à Dieu, avec elle, les vierges en question.
Mais le jeune homme accepta volontiers ces conditions, pressa vivement son père, et s'étant fait baptiser sans délai, il ordonna de hâter l'exécution de tout ce que la jeune fille avait ordonné.
Le père de la jeune fille fit aussi en sorte que sa fille, qu'il aimait de tout son cœur, ait comme escorte des hommes qui lui viendraient en aide ainsi qu'à ses compagnes. De toutes parts, donc, des jeunes filles affluent, de toutes parts des hommes accourent à un si grand spectacle. Et beaucoup d'évêques les rejoignirent pour partir avec elles: parmi eux se trouvait Pantulus, évêque de Bâle, qui les conduisit jusqu'à Rome et qui, à son retour, reçut avec elles le martyre.
Il y avait aussi sainte Gérasine, reine de Sicile qui, de loup qu’il était, avait, pour ainsi dire, transformé en agneau son mari, un roi très cruel; elle était la sœur de l'évêque Macirisius et de Darie, mère de sainte Ursule. Informée en secret par une lettre du père de sainte Ursule, suivant l'inspiration divine, elle laissa immédiatement son royaume aux mains d'un de ses fils et navigua jusqu'en Bretagne avec ses quatre filles, Babille, Julienne, Victoire et Aurée, et aussi avec son petit Adrien, qui par amour de ses soeurs s'était joint de lui-meme au pèlerinage.