Saint-Michel dans La Légende Dorée

Nom, Apparitions, Victoires, Dédicace, Mémoire

mémoire de saint Michel

Quatrièmement, cette fête s'appelle mémoire de saint Michel, bien que nous y fassions mémoire de tous les anges, et que nous les honorions collectivement.

Il convient en effet que nous leur rendions louange et gloire pour plusieurs raisons:

  • ils sont nos gardiens,
  • nos assistants,
  • nos frères
  • et nos concitoyens,
  • les porteurs de nos âmes vers le ciel,
  • les ambassadeurs de nos prières auprès de Dieu,
  • les plus nobles soldats du Roi éternel,
  • et les consolateurs de nos tribulations.

parce que les anges nous gardent

Nous devons donc les honorer d'abord parce qu'ils sont nos gardiens.

Chaque homme se voit en effet donner deux anges, un mauvais qui le met à l'épreuve, et un bon qui veille sur lui.

L'homme jouit de la garde de son bon ange au cours de sa venue au monde, quand il est encore dans le ventre de sa mère, tout de suite après sa naissance, quand il est hors du ventre de sa mère, et durant toute sa vie d'adulte.

Car dans chacun de ces trois états, il a besoin de la garde de l'ange:

  1. quand il est tout petit et encore dans le ventre de sa mère, il peut mourir et être damné;

  2. avant l'âge adulte, et quand il est hors du ventre de sa mère, il peut être empêché d'accéder au baptême;

  3. à l'âge adulte, il peut être séduit par différents péchés.

Chez l'adulte, en effet, le diable égare la raison par ses ruses, flatte la volonté par ses séductions, et écrase la vertu par sa violence.

Aussi était-il nécessaire qu'un bon ange soit délégué à ses côtés pour l'instruire et lui montrer la voie contre ces tromperies, pour l'exhorter et l'inciter au bien à l'encontre de ces séductions, et le défendre de l'oppresseur en s'opposant à cette violence.

L'effet de la garde que l'ange assure chez l'homme peut prendre quatre formes.

Premièrement, elle vise à ce que l'âme progresse vers le bienfait de la grâce, chose que l'ange accomplit de trois façons:

  1. d'abord en supprimant en l'âme tout obstacle vers ce bienfait, ce qui est signifié dans le livre de l'Exode, quand l'ange a frappé les premiers-nés d'Egypte (Exode 12, 29.);

  2. deuxièmement, en secouant sa paresse, ce qui est signifié dans Zacharie, où il est dit: L'ange du Seigneur m'a réveillé comme un homme qui sort du sommeil (Zacharie 4, 1.);

  3. troisièmement, en la conduisant et la reconduisant sur la voie de la pénitence, ce qui est signifié dans Tobie par l'ange qui la conduit et la reconduit (Tobie 5, 20.).

Deuxièmement, la garde de l'ange vise à épargner à l'homme la chute dans le péché, ce que l'ange accomplit de trois façons:

  1. d'abord, en lui évitant de commettre le mal dans le futur, ce qui est signifié dans Nombres, à travers Balaam qui, allant maudire Israël, en fut empêché par un ange (Nombres 22, 12-31.);

  2. deuxièmement, en lui faisant des reproches sur son péché passé, ce qui est signifié dans Juges, où, après avoir été réprimandés pour leur transgression, les fils d'Israël élevèrent leurs clameurs et pleurèrent (Juges 2, 1-4.);

  3. troisièmement, en lui faisant violence pour le tirer du péché présent, ce qui est signifié par la violence avec laquelle Loth et sa femme furent chassés de Sodome, c'est-à-dire de l'habitude du péché (Genèse 19, 15-17.).

Son troisième effet est de le relever dans le cas où il tombe, ce que l'ange accomplit de trois façons:

  1. d'abord, en l'amenant à la contrition, comme il est signifié dans Tobie, où, suivant l'enseignement de l'ange, Tobie enduit de fiel — symbole de la contrition — les yeux de son père, c'est-à-dire ceux de son cœur (Tobie 11, 7.);

  2. deuxièmement, en lui purifiant les lèvres en vue de la confession, ce qui est signifié dans Isaïe, où les lèvres d'Isaïe sont purifiées par un ange (Isaïe 6, 6-7.);

  3. troisièmement, en se réjouissant de sa résipiscence car, comme il est dit dans Luc: Il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur (Luc 15,7.)

Le quatrième effet est de l'empêcher de tomber dans autant de maux qu'il existe d'incitations de la part du diable, ce que l'ange fait de trois manières:

  1. en refrénant la puissance du diable,

  2. en affaiblissant la concupiscence,

  3. en imprimant dans nos cœurs la mémoire de la Passion du Seigneur, comme nous l'avons dit plus haut.

parce que les anges nous assistent

Deuxièmement, nous devons honorer les anges parce qu'ils sont nos assistants.

Tous, en effet, comme le dit l'Épître aux Hébreux,

sont des esprits qui nous assistent

Car ils sont tous envoyés pour nous (Hébreux I, 14.):

  1. les anges supérieurs sont envoyés vers les anges de second rang,

  2. les anges de second rang vers les anges inférieurs,

  3. et les anges inférieurs vers nous.

Cet envoi convient

  1. à la bonté de Dieu, qui se manifeste en tant qu'elle aime faire notre salut, en y préposant les esprits les plus nobles, qui lui sont unis par une intime charité.

  2. Deuxièmement, il convient à la charité des anges, car c'est leur charité ardente qui les pousse à désirer au plus haut point le salut d'autrui, et c'est pourquoi Isaïe dit:

    Me voici, Seigneur, envoie-moi (Isaïe 6, 8.)!

    Or les anges peuvent nous aider en ce qu'ils voient que nous avons besoin de leur secours, et que nous sommes en proie aux attaques des mauvais anges: aussi la loi de la charité angélique exige-t-elle qu'ils nous soient envoyés.

  3. Troisièmement, cet envoi convient à l'indigence humaine,

    1. car les bons anges ont été envoyés pour enflammer nos sentiments en les guidant vers l'amour, chose que l’on symbolise en disant qu'ils ont été envoyés dans un char de feu;

    2. deuxièmement, ils ont été envoyés pour illuminer notre intellect en le guidant vers la connaissance, chose qui est signifiée dans l'Apocalypse, par l'ange qui tient à la main un livre ouvert (Apocalypse 10, 2.- 8.);

    3. troisièmement, ils ont été envoyés pour affermir en nous jusqu'à la fin ce qui est encore inachevé, chose qui est signifiée en I Rois, où l'ange apporta à Elie un pain cuit sous la cendre et un vase rempli d'eau: il mangea et, fortifié par cette nourriture, alla jusqu'à l'Oreb, la montagne de Dieu (I Rois 19, 6-8.).