Iris

au Grand Trianon

Peinture de René-Antoine HOUASSE, “Morphée s'éveillant à l'approche d'Iris” (“Iris et Morphée”), Grand Trianon, Versailles
Iris, fidèle messagère de mes volontés,
Cours vite chez le Sommeil, dans son palais des songes
, Les Métamorphoses, Livre XI, vers 585.
IrisSommeil

Dans le Salon de Famille de Louis-Philippe du Grand Trianon à Versailles, se peut voir une peinture de René-Antoine Houasse, Morphée s'éveillant à l'approche d'Iris, aussi appelée Iris et Morphée.

À partir d'une partie du Livre XI des Métamorphoses d'Ovide se trouve représenté le moment où Iris, messagère de Junon, entre dans la grotte de Sommeil pour l'enjoindre' de se mettre en mouvement pour se rendre auprès d'Alcyone endormie afin de la faire rêver.

Iris dans la grotte de Sommeil selon le texte du livre XI des Métamorphoses

  1. Or la déesse ne supporte pas davantage qu'on l'implore pour quelqu'un
  2. Qui est mort et, afin de détourner de ses autels ces mains funestes,
  3. Elle dit:
  4. «Iris, fidèle messagère de mes volontés,

  5. Cours vite chez le Sommeil, dans son palais des songes,

  6. Et demande-lui d'envoyer à Alcyone un rêve qui, sous les traits

  7. De son défunt Céyx, lui dise toute la vérité sur son malheur.»

  8. Elle a parlé: Iris revêt sa robe aux mille couleurs
  9. Et, arc-en-ciel décrivant une courbe dans l’espace,
  10. Elle gagne, pour exécuter l’ordre, le palais royal caché sous la nue.
  11. Il est, près du pays des Cimmériens, une cavernes très secrête,
  12. Creusée dans la roche, demeure et sanctuaire du Sommeil Indolent
  13. Où jamais Phœbus ne peut, au lever, au zénith, au coucher,
  14. Faire pénétrer ses rayons. Des vapeurs mêlées de brumes
  15. S’exhalent du sol, ce qui donne une vague lueur crépusculaire.
  16. Là, l’oiseau vigilant couronné d’une crête ne chante point
  17. Pour appeler l’Aurore, et le silence n’est rompu ni par la voix
  18. Des chiens de gardes, ni par celle de l’oie, plus sagace que les chiens.
  19. Aucun animal sauvage ni domestique, aucune branche agitée par la brise
  20. N’émet le moindre son, ni les humains conversant dans leur langue :
  21. C’est un lieu de silence et de calme. Toutefois, des profondeurs de la roche
  22. Sort une résurgence du Léthé dont l’eau glisse dans un murmure
  23. Sur les cailloux crissants et invite au sommeil.
  24. Devant l’entrée de la grotte fleurissent d’abondants pavots,
  25. D’innombrables plantes dont la Nuit humide recueille le lait
  26. Afin de le répandre sur les terres ombreuses.
  27. Aucune porte ne grince en tournant sur ses gonds :
  28. Il n’y en a pas une seule dans toute la demeure ; nul gardien sur le seuil.
  29. Mais au milieu de la grotte s’élève un lit d’ébène
  30. Au matelas de plumes, de couleur uniforme, tendu de noir,
  31. Où repose le dieu aux membres alanguis par l’inactivité.
  32. Autour de lui sont couchés çà et là, sous des apparences diverses,
  33. Les Songes trompeurs, aussi nombreux que les blés d’une moisson,
  34. Les feuillages dans une forêt, les grains de sable jetés sur un rivage.
  35. Sitôt que la vierge est entrée, écartant de la mains les Songes
  36. Qui lui faisaient obstacle, l’éclat de sa robe a illuminé
  37. La demeure sacrée et le dieu, soulevant avec peine
  38. Ses paupières lourdes tombant et retombant sans cesse
  39. Tandis que son menton tremblotant frappe le haut de sa poitrine,
  40. Finit par se secouer et, appuyé sur un coude, lui demande
  41. (Car il l’a reconnue) la raison de sa visite.
  42. Alors elle lui dit:
  43. «Sommeil, repos de l’univers, Sommeil, le plus paisible des dieux,

  44. Paix de l’âme, toi qui fais fuir l’inquiétude, toi qui dissipes

  45. La fatigue du corps après de lourdes tâche et qui aides à l’effort,

  46. Ordonne à l’un des Songes qui savent prendre l’apparence du vrai

  47. De partir pour Trachine, ville d’Hercule, sous les traits de son roi

  48. Et, prenant la forme d’un naufragé, d’appraître à Alcyone.

  49. C’est la volonté de Junon.»

  50. Après avoir accompli sa mission,
  51. Iris s’en va -car elle ne pouvait résister plus longtemps à ce pouvoir
  52. Soporifique – et sentant le sommeil se glisser dans ses membres,
  53. Elle s’enfuit, s’en retourne par arc-en-ciel, comme elle était venue.

Ovide, Les Métamorphoses, Livre XI, vers 583 à 632.